Jen Minkman 
Exodus 

‘Le temps ici est comme un vieillard. Plus ancien que la terre brûlée, craquelée, que les buissons desséchés et que la route poussiéreuse qui zigzague à travers le désert comme un serpent apathique traçant son chemin vers l’horizon, hésitant sous la chaleur.

Je ne me souviens plus depuis combien de temps je suis là, mais je me sens exactement comme ce serpent – à jamais sur le chemin d’une destination hors d»atteinte. C’est seulement quand je lève les yeux que je vois ce pour quoi mon cœur languit. Le ciel bleu à l’infini. Mes visions ont cette même couleur. Mes yeux en sont affamés.

Le chalet est au bord de ce qui a dû être un jour un lac. Quand je pose un pied dehors et me tiens sous la véranda pendant les heures les plus chaudes du jour, l’air est si chaud qu’il rend tout flou et mouvant, remplissant le lac de quelque chose ressemblant à nouveau à de l’eau. Mais même ce mirage n’arrive pas à étancher ma soif de bleu.

L’horloge au-dessus de la porte est cassée. Le temps n’est pas juste lent ici ; il semble ne plus avancer du tout.

Et pourtant j’attends.’

Exodus a gagné la seconde place aux Harland Awards (concours de nouvelles), un prix prestigieux de science-fiction et de littérature fantastique aux Pays-Bas. C»est l»histoire de la fin du monde, d»une adolescente esseulée qui essaie désespérément de quitter la Terre avant qu»il ne soit trop tard, et de sa quête de rédemption. Le jury a parlé en ces termes de Exodus : un profond message d»une grande beauté.